TRISTAN
De fausses pistes pour une fausse histoire : Harrel joue intelligemment avec le désir du spectateur
Nous ayant depuis quelques années habitué à quelques comédies plutôt désespérées ('Le vélo de Ghislain Lambert', 'Les randonneurs'), on est d'autant plus surpris de retrouver Philippe Harrel dans le registre du film policier. Mais son 'Tristan' n'est qu'un prétexte pour dépeindre le portrait d'une femme forte, moderne, des plus indépendantes, et pour jouer avec le désir d'un spectateur, toujours en quête de sens et de schéma souvent prédéfinis.
Hors, ici, rien de clair. Tous les points de repères classiques du film policier sont petit à petit détournés ou semblent biaisés. Ainsi, la " profileuse " Nicole Garcia, qui sur-joue délicieusement, apparaît rapidement comme risible, car simpliste et incapable de faire plus de déductions surprenantes que vous et moi. Elle emmènera le spectateur, la commissaire, dans leur fantasme, celui de ce criminel impossible qu'est sensé être Tristan, celui de cette intrigue trop emplie de coïncidences souvent énormes pour être réelle et logique.
Ceux qui prendront le film comme un polar classique, n'y verront qu'incohérences et pourront même en rire. Ceux qui préfèreront s'en détacher, réfléchir à leur propre désir de voir un coupable se dégager de cette masse d'informations, y trouveront alors un exercice de style où chaque instant vous dit 'ça n'est pas possible', et où pourtant on veut y croire, y trouver un sens, qui n'existe peut-être que dans notre imagination.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur