JULIETA
Femmes, femmes, femmes...
« Julieta » est de ces films magnifiques et bouleversants dont Pedro Almodóvar a le secret. Portrait croisé de plusieurs femmes, gravitant autour d'une seule et même mère, qui fut autrefois elle aussi une jeune fille, son film est un drame assumé et incandescent où les sentiments et la vie trouvent un écho en d'infinis regrets, autant qu'une incapacité à communiquer entre proches. Avec force flash-back, le réalisateur espagnol décrit un passé fait de passion lumineuse et romanesque (la rencontre dans le train, le tatouage AJ...), d'amitiés sincères ou trompeuses, de jalousies secrètes et de drames intimes.
Composant avec élégances des plans où chaque couleur a son importance, l'auteur retourne à ces histoires où le tact rivalise avec les élans, filmant la frustration et le manque comme personne. Il retrouve avec ce grand drame la veine de ses plus grands films, tels « Etreintes brisées » ou « Tout sur ma mère » et offre à Emma Suarez (« L'écureuil rouge ») l'un de ses meilleurs rôles depuis longtemps. Mère tourmentée et tenace, elle se raconte ici souvent en voix-off (c'est Adriana Ugarte qui lui donne corps, jeune), pleine de doutes ou de certitudes, selon les époques de sa vie. Un film amer et lumineux, qui vous brise le cœur, en douceur, et interroge la capacité à pardonner.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur